La légende transmise dans les clubs :
Le ju-jitsu est l’ancêtre du judo. Cet Art Martial prend ses sources en Chine, au Moyenâge.
La légende raconte que, par un hiver rude, lors d’une promenade en forêt, un vieux médecin
chinois remarqua comment les fines branches de pin s’inclinaient sous le poids de la neige afin de
s’en débarrasser et de se redresser sans dommage ; tandis que les branches robustes cassaient
sous le poids. Il imagina les premières techniques de ju-jitsu utilisant comme principe de base la
force de l’adversaire pour la retourner contre lui et le vaincre. Sur ce principe trois écoles de jujitsu
se sont organisées autour de maîtres qui enseignaient aux samouraïs les techniques de
combats à mains nues. Chaque école gardant jalousement ses secrets à l’égard des autres. Au
début de l’ère du Meiji, la classe des samouraïs était en voie de disparition, et les arts martiaux
traditionnels tombèrent en désuétude dans un Japon qui s’ouvrait de plus en plus à l’Occident.
Il faut attendre 1882 pour voir apparaître le judo issu du ju-jitsu auquel Monsieur Jigoro Kano a
retiré les coups les plus dangereux.
Chronologie de l’histoire du judo et du ju-jitsu
Du XIVème au XVIème siècles : Epoque de chaos et de luttes féodales qui voit le développement
par les samouraïs de techniques de combat dérivant des techniques de sumo.
XVIIème siècle : Retour à la paix ; les samouraïs, à défaut de fréquenter les champs de bataille
viennent dans les dojos (lieu d’étude), pour affiner leurs techniques de combat : c’est l’apparition du
ju-jitsu.
XVIIème – XVIIIème siècles : Naissance de 3 écoles de ju-jitsu dont s’est inspiré Jigoro Kano
(fondateur du judo et du ju-jitsu moderne) pour créer sa méthode d’enseignement :
-
Yoshin Ryu : « Ecole du cœur de sole », fondée par Shirobei Akiyama. La légende raconte
qu’en se retirant pendant 100 jours pour méditer, il découvrit le principe de souplesse (ju) en
regardant une frêle branche de sole se débarrasser de la neige en utilisant sa flexibilité et sa
souplesse, tandis que les grosses branches cassaient sous le poids de la neige
-
Kito Ryu : cette école s’est spécialisée dans les techniques de corps à corps
-
Tenjin Shinyo Ryu : est une école dirigée par Iso Mataeman, elle est spécialisée dans les
atémi, les immobilisations et les étranglements.
Les maîtres de ces écoles transmettent secrètement leurs savoirs à quelques disciples triés sur le
volet. Leur écrits ne seront accessibles à tous qu’au XIXème siècle, époque à laquelle un jeune
étudiant, Jigoro Kano s’intéressera aux techniques du Budo. C’est ainsi qu’il créâ le ju-jitsu moderne
qui avec quelques améliorations deviendra : le judo.
Le principe de Shin ; Gi ; Taï ;(Shin = Esprit / Gi = Technique / Taï = Corps) est l’une des bases
fondamentales du judo et du ju-jitsu de Jigoro Kano.
1860 : Naissance de Jigoro Kano (fondateur du judo et du ju-jitsu moderne).
1868 : Retour de l’empereur Meiji. Le Japon s’ouvre aux influences étrangères et voit sa jeunesse se
passionner pour les sports comme le base-ball et la gymnastique au détriment du ju-jitsu.
1877 : Jigoro Kano étudie le style de l’école « Tenjin Shinyo Ryu » (spécialisée dans les atémis, les
immobilisations et les étranglements), à l’université auprès de maître Fuduka, disciple de Iso
Mataeman
1881 : Jigoro Kano rejoint l’école « Kito Ryu » (spécialisée dans le corps à corps). Il découvre les
techniques de projection et le principe « un minimum d’énergie, pour un maximum d’efficacité »
Seiryoku Zenyo, que l’on peut traduire littéralement par : « la meilleure utilisation de l’énergie ».
1882 : Jigoro Kano effectue une synthèse personnelle des méthodes de ju-jitsu et fonde le ju-jitsu
moderne. Suite à cela, il pose les principes fondateurs d’une nouvelle discipline : « Le judo » qui
signifie littéralement : « Voie de la souplesse » (Do = Voie / Ju = Souplesse). Il enseigne sa méthode
au Kodokan (institut du grand principe), son dojo situé à Tokyo, auprès de 9 élèves. Le Kodokan est
aujourd’hui un lieu de pèlerinage pour les judokas et les ju-jitsukas du monde entier.
1885 : Jigoro Kano peaufine son judo et crée le Gokyo (go = cinq / kyo = principe). Le Gokyo est un
répertoire de 40 techniques réparties en 5 séries de 8 mouvements. Ces cinq principes sont :
- Le principe de souplesse
- Le principe de déséquilibre
- Le principe du centre (hora)
- Le principe d’opportunité
- Le principe d’action – réaction
Pour Jigoro Kano, le judo doit permettre le meilleur usage de l’énergie dans tous les domaines de la
vie. Il souhaite avec le judo éduquer le corps et l’esprit de la jeunesse nipponne. Cette année là, le
Kodokan doit déménager pour accueillir sa centaine d’élèves.
1886 : Un grand tournoi est organisé à Tokyo, rassemblant les combattants de plusieurs écoles de jujitsu.
Shiro Saigo, disciple de Jigoro Kano remporte le tournoi avec une technique qu’il a inventé,
Yama Arashi. Il démontre aux yeux de tous l’efficacité du judo Kodokan.
A cette époque, lorsqu’une école remporte un tel défi, elle récupère tous les élèves des écoles qui ont
participé. C’est ainsi que le judo se propage rapidement dans Tokyo et à travers le pays.
1889 : Le Kodokan compte 600 élèves et se développe dans tout le Japon. Jigoro Kano souhaite
désormais propager sa méthode à travers le monde. Il effectue sa première visite en Europe et fait sa
première démonstration en France à Marseille.
1909 : Le Kodokan est officiellement reconnu au Japon. Jigoro Kano entre au C.I.O. (Comité
International Olympique).
1911 : Création officielle d’une section de formation de professeurs de judo / ju-jitsu au Kodokan.
1922 : Création de « l’association culturelle du Kodokan », basée sur les principes du « Meilleur
emploi de l’énergie » (Seiryoku Zenyo) et de la « Prospérité mutuelle » (Jita Kyoei), deux des trois
principes du judo traditionnel (le dernier étant Ju No Ri, le principe de « l’utilisation de la force de
l’adversaire »).
1928 à nos jours : Le judo et le ju-jitsu se développent dans le mode entier, suite à de nombreuses
démonstrations faites par Jigoro Kano et ses disciples. Le judo deviendra par la suite une discipline
de compétition, puis sera reconnu en tant que discipline sportive à part entière, avant d’être admise
aux J.O. de Tokyo en 1964 en démonstration. Le judo féminin vit une belle expansion depuis les
années 1980, date à laquelle le ju-jitsu fait un retour prometteur, car reconsidérée « discipline de
laquelle découle directement le judo », avant de se développer en compétition.
Depuis 1951 avec la création de la F.I.J. (Fédération Internationale de Judo, Ju-jitsu), et la FFJDA
(Fédération Française de Judo, Ju-jitsu, Kendo et Disciplines Associées), la nomenclature basique à
été reprise, étudiée puis approuvée. C’est à partir de là que nous pouvons parler de judo moderne.
Effectivement, en plus de reprendre les méthodes de Jigoro Kano, il y a eut un remaniement pour les
transposer aux connaissances scientifiques actuelles comme la physiologie, mais également à des
méthodes de transmission comme la pédagogie, ou encore par mesure de sécurité à la législation.